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03 April 2005 22:50
 
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- Des idées pour sortir
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culture
Ides de mars ou poisson d’avril ?

Plus c’est gros, plus ça passe, tout en donnant matière par la satire cruelle à la réflexion.

The Yes Men,

de Dan Ollmann,

Chris Smith, Sarah Price. États-Unis. 1 h 31.

Deux activistes inventifs remontés bricolent un site Web parodique de l’OMC. L’imitation est tellement réussie que des visiteurs distraits les invitent à prendre la parole au nom de l’organisation, dans de très sérieux congrès sur la mondialisation. Ils se pointent, en cravate, avec des discours bien rodés et des accessoires de type farces et attrapes, tiennent des propos outranciers (supprimer le vote ou redorer le blason de l’esclavage) qui ne donnent pas cher de la démocratie et de la dignité humaine face au rouleau compresseur libéral.

Réaction des auditoires : néant ! L’apathie des congressistes est telle que les pires provocations font chou blanc ; seul un public estudiantin sauve l’honneur en se révoltant lorsque les conférenciers suggèrent, graphiques à l’appui, une méthode de recyclage des déchets de fast-food à destination des pays les plus pauvres.

On sait combien ceux qu’il est désormais convenu d’appeler les « nouveaux contestataires » comptent, pour assurer la portée de leurs actions, sur leur caractère spectaculaire et médiatique ; le geste compte sinon plus, du moins autant que le sens, et l’ombre protectrice de Michaël Moore en guest star (celui de Fahrenheit 9/11, pas celui de l’OMC !) plane sur ces disciples particulièrement allumés. La preuve par l’absurde donnée ici est convaincante : voilà par quels gogos, prêts à tout entendre sans broncher, est gouverné le commerce mondial. Tract altermondialiste ou vrai-faux docu ? Cette vaste blague donnerait le frisson si le ton n’en était pas aussi uniformément potache. On n’a pas de raison de bouder son plaisir devant le caractère abyssal du canular, mais il vaut mieux voir le film pour ce qu’il est, une partie émergée de l’iceberg, et compléter sa documentation sur les Yes Men en allant visiter leur site (theyesmen.org), notamment la « foire aux questions ». On y comprend, par exemple, que lorsque les Yes Men annoncent tout à trac l’autodissolution de l’OMC repentante, ou l’indemnisation attendue par les victimes de Bhopal depuis vingt ans (obligeant la société Union Carbide à un démenti), ils se donnent pour référent, sinon pour modèle, le discours de Chaplin-Hynkel dans le Dictateur : prendre les oripeaux des tyrans pour mieux dire aux foules de s’en libérer. Andy et Mike ne sont pas des Chaplin, et ça n’excuse ni le mauvais goût, ni les faux espoirs, ni les limites d’une action qui ne distingue plus entre le ludique et le politique. Mais il faut admettre que la cruauté de la satire est à la mesure de la violence.

J. R.

The Yes Men sest vraiment sorti le 1er avril.

Article paru dans l'édition du 2 avril 2005.

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