Économie 01/12/2006 à 00h19

Des mickeys veulent se payer Mickey

Une mystérieuse société suisse se dit intéressée par une prise de contrôle d'EuroDisney.

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ALIX Christophe

Les analystes financiers et la presse économique n'ont pas souvent l'occasion de rire. Hier à 11 heures, ils ont assisté à Paris à la réunion la plus loufoque de l'année, à l'invitation de la mystérieuse société suisse Center-Tainment. Ses dirigeants étaient venus expliquer comment ils allaient s'emparer d'EuroDisney. Totalement dénuée du moindre élément financier concret, la présentation débute avec les mots du PDG, Ulf Werner, qui, d'une voix peu assurée, dit s'attendre «à une résistance très dure de la part de la direction actuelle et de l'actionnaire majoritaire». C'est ensuite au tour de Kurt Anderseen, investment banker de Center-Tainment de détailler ­ si l'on peut dire ­ l'opération. Aidé d'un risible et unique schéma intitulé «profil de l'organisation pour le futur», l'homme, qui se présente comme un ancien de la Chase Manhattan Bank et de la Commerzbank, explique qu'il s'agit du premier d'une série d'investissements dans les loisirs. Basé sur un «concept» dont on ne saura rien à part que c'est un «vrai concept». Interrogé sur le fait de savoir pourquoi Center-Tainment n'a pas encore lancé son OPE sur EuroDisney et commencé à ramasser des titres en Bourse, il répond très sérieusement : «Notre avocat est malade mais tout est validé sur le plan juridique et le plan sera actionné dans les tout prochains jours.»

Dans l'assistance, les spécialistes, médusés, cherchent la caméra cachée. «Complètement foireux», lâche un analyste étonné des «peut-être» qui émaillent une réponse sur deux. On ne saura rien de la banque chargée de l'opération à part qu'elle est «suisse», ni des 45 actionnaires de Center-Tainment si ce n'est que l'un d'eux est un «joueur de football allemand connu». Le sommet de la mascarade est atteint lorsque les «prédateurs» semblent subitement réaliser que la structure en commandite de leur proie, qui donne tous pouvoirs au groupe Disney, rend leur offensive totalement vaine. «Quand on aura la majorité des parts, on changera le contrat», expédie Kurt en promettant «d'étudier la question». Plus la peine d'en rajouter, les analystes, qui zappent sur leur Blackberry, ont tranché : «Au mieux, c'est du foutage de gueule, au pire de la manipulation de cours. S'ils ont acheté à 6 centimes pour le revendre au double, not bad.» Aux dernières nouvelles, ni Borat ni les activistes de Yes Men n'étaient dans la salle.

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