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Refugreenergy : la (mauvaise) blague du réfugié qui pédale

Refugreenergy

Un hoax pour parler de la cause des réfugiés | © Facebook Refugreenergy

Société

Samedi dernier, deux supposés CEO présentaient à Bruxelles la startup Refugreenergy proposant de faire pédaler les réfugiés pour produire de l’énergie verte. La blague avait des ficelles grosses comme des câbles, mais elle a fonctionné auprès de certains.

 

Faire pédaler des réfugiés pour un salaire horaire de 1,60 euros en échange de 24 heures de légalité sur le sol belge, voilà l’idée présentée par Refugreenergy à Bruxelles, mardi dernier. Avec la complicité du site du Vif/L’Express, le canular prenait forme sur la toile, tandis qu’un site web en anglais accompagnait le tout. Et en en lisant seulement quelques lignes, on comprend que de farfelu, le projet passe à totalement faux.

L’histoire de Refugreenergy

Deux jeunes entrepreneurs, Thibaut Leroy et Théo…. Merckx, auraient rencontré Kamal, un réfugié soudanais, dans le parc Maximilien de Bruxelles en 2015. Kamal était coureur cycliste professionnel au Soudan et avait dû rejoindre la clandestinité en 2014 lorsque l’équipe de cyclisme Festina (disparue en réalité en 2001) n’avait pas honoré son contrat pour le faire rouler au … Tour de France. Incohérent mais suffisamment dérangeant pour qu’on vérifie par deux fois que tout cela était bien faux.

Un hoax mené par le collectif nouvellement créé WAAR – pour We Are All Refugees – explique le communiqué paru ce mercredi, afin de « sensibiliser la population de pays comme la Belgique à la soi-disante crise des réfugiés ».

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Pour WAAR, il est urgent d’agir car « le nombre de réfugiés climatiques augmente sans cesse pour atteindre peut-être le nombre de 250 millions de personnes en 2050 ». Et ce changement climatique, ce sont les pays industrialisés, ceux qui se plaignent aujourd’hui des flux migratoires qui en sont les responsables. L’association en profite également pour taper sur le clou du passé colonial comme « raison historique » à toutes les guerres et violences qui font fuir les peuples de leur pays.

Certains y ont cru

Contacté par nos soins, le collectif a immédiatement admis le côté « hoax » de leur démarche. C’est que les indices étaient visibles. Si WAAR avait mis les moyens pour sa promotion autour de la Grand’Place de Bruxelles samedi dernier sous la pluie battante, trop d’énormités jalonnaient le site. Et pourtant, l’un des responsables nous confirme que de nombreuses personnes ont marché dans le piège : « certains mettaient rapidement en doute la véracité de notre projet mais la plupart y croyait. Ça nous a d’ailleurs effrayés de voir la proportion de gens qui trouvaient ça normal de faire travailler les réfugiés. D’autres, comme une mère de famille avec ses enfants, étaient atterés voire horrifiés mais écoutaient jusqu’au bout et semblaient y croire. Certains médias nous ont également contactés sans trop s’interroger plus en profondeur sur le projet, s’intéressant plus à l’aspect légal des choses ».

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Sous la conduite des Yes Men

WAAR n’est pas le premier collectif à utiliser le HOAX comme arme de dénonciation massive du libéralisme. Depuis les années 90, les « Yes Men » en ont fait leur spécialité, à coups de faux discours, interviews-pièges ou d’opérations coup de poing qui ont touché aussi bien l’OMC, que George W. Bush ou … Patrick Balkany. C’est d’ailleurs ce collectif américain qui a accompagné les We Are All Refugees lors de leur atelier de création du happening durant une semaine à la Fabrique de Théâtre.

 

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