« A compter du 4 juillet, dès que vous acheterez une arme Smith & Wesson sur sharethesafety.org, nous offrirons une arme et un entraînement adapté à un citoyen défavorisé dans la ville de votre choix. » La NRA, l’association américaine des détenteurs d’armes à feu, n’a pas apprécié le clip promotionnel parodique réalisé en son nom par le célèbre groupe d’activistes Yes Men. Ni la fausse page de campagne mise en ligne à l’adresse sharethesafety.org. Le lobby des armes a donc déposé plainte pour contrefaçon de marque afin d’obtenir sa suppression, sans se douter qu’elle entraînerait indirectement le blocage de 38 000 sites sans rapport avec cette parodie.
L’hébergeur Digitalocean reconnaît une erreur
En cause : un jeu de dominos provoqué par la réaction de Digitalocean, le service qui héberge Surge, la plate-forme utilisée par les Yes Men pour leur faux site de campagne. Cet outil, comparable aux services de blog comme Wordpress, a détaillé dans une série de tweets l’origine de ce blocage massif :
« La NRA a porté plainte contre Cloudflare [le serveur de noms de domaines dont dépend Digitalocean] au sujet d’un site parodique hébergé sur Surge. Cloudflare a transmis cette requête à Digitalocean, qui nous l’a lui-même transférée. […] Au téléphone, Digitalocean nous a dit que nous devions porter plainte en retour sous peine d’être désactivés. Après avoir raccroché et commencé à se renseigner sur la documentation requise, nous avons été désactivés parce que Digitalocean a changé d’avis. [Ils ont] choisi le silence radio alors que 38 000 sites sont toujours inaccessibles. C’est déprimant. »
Digitalocean a fini par réagir dans un communiqué, en reconnaissant avoir désactivé Surge et ses 38 000 sites selon la procédure standard en matière de violation de marque déposée.
L’entreprise reconnaît son erreur et affirme être « rétrospectivement convaincue que le site ciblé par la demande de retrait de la NRA ne violait pas le droit des marques mais était au contraire protégé par le premier amendement » de la Constitution, qui consacre la liberté d’expression. Cette série de réactions en cascade aura en tout cas permis aux Yes Men de bénéficier d’une médiatisation encore plus grande pour leur site de campagne parodique, de nouveau accessible en ligne à son adresse d’origine.
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